Noué autour de la question de la matérialité de l’inscription, le présent travail de recherche-création vise à comprendre comment les réalités matérielles s’agencent et font émerger les réalités culturelles de la littérature, soit comment le fait littéraire est une composition de rapports déterminée par les caractéristiques du support, qu’on le nomme média, machine ou plus largement environnement d’écriture. Qu’il s’agisse de la nouvelle architecture de l’information qu’implémente le Codex, de la plume que Flaubert taillait comme processus rituel de création, de la « délicate » machine à écrire d’un Nietzsche condamné à l’aveuglement, ou de l’ambiguïté des termes computer et typewriter qui peuvent autant désigner les femmes qui utilisaient des machines spécifiques que les machines en elles-mêmes, ces échos d’une culture littéraire sont autant de témoignages de l’importance des incidences matérielles dans l’écriture et dans le geste d’inscription en tant que tel. Où s’arrête la détermination de l’écriture ? Où se pose la frontière entre elle et le reste du monde ?
dans nos cadres formatés,
nos pratiques propres,
ou nos regards ?
Au travers d’études théoriques et d’explorations techniques, le corps de l’écriture sera décliné en cinq angles, cinq extensions d’une main qui souhaite saisir une épaisseur : fabrique, média, machine, page et matière. Cette thèse développe une méthodologie d’écriture propre qui ne distingue plus recherche et création pour redéfinir des contours du fait littéraire.